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Ludovic Tézier, Bryn Terfel et Ferruccio Furlanetto nous font entrer dans le monde des voix les plus graves de l’opéra : les barytons, barytons-basses et basses, habitués des rôles sombres, puissants et empreints de théâtralité et de complexité.
Le baryton est la tessiture masculine la plus courante, mais elle n’a rien d’ordinaire. Elle est chaude et polyvalente. Ludovic Tézier est l’un de ses représentants les plus renommés. Alors qu’il incarne Don Carlo di Vargas dans “La Force du destin” de Giuseppe Verdi à l’Opéra Bastille, l’interprète français nous confie “être ravi d’être baryton. Avec le baryton, on passe du drame à la tragédie,” fait-il remarquer. “On a besoin de cette voix centrale qui incarne des personnages assez tourmentés,” dit-il.
Le baryton, personnage “torturé”
Les compositeurs s’appuient sur la voix de baryton, théâtrale et puissante, pour donner une dimension dramatique. “Le baryton est le personnage qui, en règle générale dans l’opéra romantique, est celui par qui le mal, la catastrophe ou la tragédie arrivent ; si ce n’est pas vraiment par lui que cela arrive, c’est quand même lui qui pousse à ce que cela se développe et que cela finisse en général très, très mal,” indique le baryton. “Ce sont généralement des personnages assez noirs, torturés et ils sont très intéressants à jouer, à créer en scène,” assure-t-il.
Le compositeur italien Giuseppe Verdi était un admirateur de ce timbre qui lui a inspiré des personnages inoubliables. “Chez les barytons, on a cherché une espèce de gémellité avec le ténor, parfois double maléfique,” explique Jules Cavalié, rédacteur en chef de “L’Avant-Scène Opéra”. “Mais chez le baryton, on va retrouver théâtralement, des qualités d’héroïsme, de vaillance, des personnages fiers qui veulent défendre leur honneur, souvent affronter le ténor,” précise-t-il.
Pour interpréter ces personnages complexes, chaque mot est important, insiste Ludovic Tézier lors d’une masterclass à laquelle nous assistons à l’Académie de l’Opéra de Paris et dans laquelle il conseille le jeune artiste en résidence Andres Cascante, originaire du Costa Rica.
“J’insiste beaucoup sur le texte, la diction et le sens des mots parce que c’est le métier de baryton quasiment,” affirme Ludovic Tézier. “Quand on est un grand soprano ou un grand ténor, parfois, il faut un petit peu tricher sur quelques voyelles pour arriver à atteindre cette tessiture vertigineuse, le baryton a d’autres ressources, d’autres qualités, et cela n’est pas la moindre, à savoir celle de pouvoir donner le texte de manière très claire,” estime-t-il.
Son élève apprécie : “J’aime vraiment la signification qu’il met derrière chaque mot, la profondeur qu’il y met. Évidemment, sa voix est très belle, mais je pense que l’art derrière la voix est vraiment remarquable et c’est clairement ce que je veux atteindre,” indique-t-il.