Sophie Germain ( 1776 – 1831 )…

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Le 1er avril 1776 naissait la mathématicienne et physicienne française Sophie Germain, qui est très un bon exemple de l’engagement scientifique des femmes au début du XIXe siècle.

Né dans la bourgeoisie aisée, elle était la fille du marchand Ambroise-François Germain (1726-1821) qui possédait une importante bibliothèque grâce à laquelle elle découvrit certaines disciplines scientifiques et surtout les mathématiques qui la fascinaient. Elle se forma alors en autodidacte, malgré le refus initial de ses parents qui finiront néanmoins par la soutenir et financer sa carrière. Dotée d’une vaste culture scientifique, elle entretint une correspondance – sous pseudonyme masculin – avec le physicien sarde Joseph-Louis Lagrange (1736-1813) qui était impressionné par ses analyses et ses remarques sur ses cours de l’École polytechnique au milieu des années 1790. Dès lors, elle commença à se faire un nom dans le milieu scientifique parisien et à correspondre avec d’autres savants comme le « prince des mathématiques » Carl Friedrich Gauss (1777-1855).

C’est ainsi que Sophie Germain suivait la voie qui avait été ouverte, entre autres, par Hypathie (Ve siècle) dès l’Antiquité et qui ne s’était pas refermée au cours des siècles grâce à de courageuses pionnières à des époques où il était pourtant très mal vu pour une femme de se livrer à des activités scientifiques – ou tout autre activité intellectuelle – dans ces sociétés patriarcales. À son époque, plusieurs femmes venaient néanmoins d’avoir une véritable carrière scientifique comme la française Émilie du Châtelet (1706-1748) qui traduisit Newton et qui diffusa les œuvres de Leibniz dans son pays ou encore la bolonaise Laura Bassi (1711-1778) qui fut la première femme à obtenir un doctorat et une chaire universitaire dans un domaine scientifique. Cette ouverture restait cependant très timide et Sophie Germain ne fut donc jamais pleinement intégrée au sein de la communauté scientifique. Ce qui ne l’empêcha pas de contribuer à développer aux mathématiques et à la science.

Au début du XIXe siècle, Sophie Germain s’intéressait à la théorie des nombres et plus particulièrement au dernier théorème de Fermat – énoncé par Pierre de Fermat (≈1607-1665) – que personne n’arrivait à démontrer jusqu’au britannique Andrew Wiles (né en 1953) en 1994. Et si elle n’en était ainsi pas venue à bout, elle y avait contribuée en énonçant son propre théorème. Profitant de ses connaissances en physique, cette spécialiste de l’élasticité des corps réalisa plusieurs publications sur le sujet et son « Memoir on the Vibrations of Elastic Plates » (1816) remporta même le concours de l’Académie des sciences qui l’invisibilisa en ne publiant pas ses travaux. Ces études pionnières sur l’élasticité des métaux contribuèrent pourtant à la réalisation de très grands bâtiments comme la tour Eiffel. De nouveau ignoré, son nom ne figure pas parmi les soixante-douze savants qui sont inscrits autour du premier étage pour avoir honoré le pays entre 1789 et 1889.

À partir des années 1820, Sophie Germain semblait se délaisser des sciences et se consacra plutôt à des travaux philosophiques. Diminuée par un cancer du sein, elle produisit et publia ses derniers articles scientifiques – le reste à titre posthume – jusqu’à sa mort en 1831 à l’âge de 54 ans. Son décès prématuré lui empêcha cependant de recevoir le doctorat honorifique que l’Université de Göttingen allait bientôt lui décerner – sur proposition de Gauss – et la première femme à obtenir un doctorat en mathématiques est ainsi la russe Sofia Kovalevskaïa (1850-1891) en 1874.

Le nom de Sophie Germain finit par sortir de l’ombre et celle qui a su s’imposer dans un milieu prétendument masculin est enfin une des femmes scientifiques les plus reconnues de cette période.

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La Gazette

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