La Commission royale pour Al-Ula en Arabie saoudite a bien fait de préserver le patrimoine du chemin de fer du Hedjaz, mais il est plus urgent de réexploiter et de relancer cette ligne en raison de son importance économique et politique. Aujourd’hui, 8 % du transport mondial de passagers et de marchandises s’effectue par voie ferroviaire (train), cette ligne historique sera donc à l’ordre du jour, car elle représente un changement majeur dans le domaine de l’établissement des fondements d’intérêts communs et de la liaison de ces intérêts avec un réseau ferroviaire.
Les visiteurs d’Al-Ula partagent leurs impressions sur cette ville comme l’une des voies de changement sur le terrain, menée par le prince Mohammed bin Salman dans le cadre de la Vision 2030 visant à transformer le Royaume en une puissance économique puissante. Dans cette charmante ville avec ses monuments, ses arts et son tourisme, un nouveau point de repère apparaît : ce sont les vestiges du chemin de fer du Hedjaz. Cette ligne y est arrivée en 1907 pendant la phase de construction et elle possède l’une des stations qui la relie à Tabuk et au Levant. Plusieurs tentatives ont été faites pour réhabiliter le chemin de fer du Hedjaz depuis 1955, ou plutôt après sa destruction en 1916 pendant la Première Guerre mondiale, et son arrêt était un signe de la chute de l’Empire ottoman.
Dans le cadre des projets ferroviaires dont sont témoins les capitales et les villes des pays du Golfe arabe, ce dossier est venu à l’esprit après que le langage des intérêts communs a remplacé celui des alliances politiques dans les négociations entre les pays de la région. Il n’est donc pas impossible que le « chemin de fer du Hedjaz » soit l’un de ces projets, surtout si l’on sait que le plan s’étendra essentiellement à la fois à Istanbul et à Bagdad, et c’est pour cette raison que le projet ferroviaire de Bagdad a été établi pour compléter le projet ferroviaire du Hedjaz. L’un des avantages de cette ligne historique est qu’un tiers du projet a été financé par des donateurs de tous les pays arabes, et de tous les pays où les musulmans sont présents.
Il existe une liste des noms de 20 000 donateurs aux archives ottomanes, dont le total des dons s’élève à près de 17 millions de francs, soit environ 760 000 livres ottomanes. L’émir du Koweït était mentionné dans les registres remis aux donateurs et conservés dans les archives ottomanes. A cette époque, la distance entre Damas et Médine fut raccourcie de cinq jours au lieu de 40 jours… Deux mille ponts furent construits et des charrettes furent fabriquées durant le projet, ce qui entraîna un changement fondamental dans le cycle économique et le transport des pèlerins, dont bénéficièrent l’Empire ottoman et les marchands. Nous ne sommes pas loin d’entrer dans le monde du transport ferroviaire au Koweït et dans les capitales du Golfe, même si les travaux se heurtent à des obstacles ou avancent lentement, mais ils ont été mis sur les rails après avoir été approuvés par les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe en 2022.
Le Golfe connaît aujourd’hui la croissance la plus rapide au monde en matière de projets ferroviaires. Assisterons-nous bientôt à la renaissance du chemin de fer du Hedjaz, annonçant la naissance d’un nouveau projet qui dessinera une nouvelle carte pour cet Orient, fondée sur l’idée d’unifier et de lier les intérêts des pays et des peuples sous l’égide d’avantages communs et vitaux ?
Par: M.Hamza Elyan
Écrivain et journaliste ✍