“Sido”, la mère de Colette, adorait sa fille et lui donnait des petits surnoms : “minet chéri”, “toutou blanc” et aussi “joyau-tout-en-or” mais la traita toujours comme sa propriété.
“Les longs cheveux de Colette, jamais coupés depuis la naissance, étaient le trésor de sa mère.
Celle-ci les brossait chaque matin et les entourait de soins : elle” lavait mes cheveux au jaune d’œuf et au rhum”, signale Colette dans La Maison de Claudine.
Ces “deux tresses trop serrées qui sifflaient autour de moi comme des mèches de fouet”, ainsi décrites dans “Le Miroir”, texte recueilli dans Les Vrilles de la Vigne, symbolisaient la mainmise de “Sido” sur sa fille.
Or Colette coupa ses nattes à près de trente ans.
Ce fut une délivrance. Elle se séparait enfin de sa mère, mais cette trahison ne lui fut jamais pardonnée. “Sido” lui écrit encore en 1911 :
” Et tes beaux cheveux d’or qui tombaient jusqu’à terre ? J’ai toujours pensé que c’était Willy qui t’avait suggéré de les couper, par jalousie, […] j’ai eu un gros chagrin que tu aies anéanti mon chef-d’œuvre de vingt années”
Colette récrira les mots de “Sido” dans Mes apprentissages (1936) : “Le coup de ciseaux donné, je goûtai un plaisir que seule gâta une lettre de Sido. Elle flétrit mon geste en termes étrangement graves :” Tes cheveux ne t’appartenaient pas, ils étaient mon œuvre, l’œuvre de vingt ans de soins.
Tu as disposé d’un dépôt précieux, que je t’avais confié…”
COLETTE
“Préface du Roman” Sido”
Antoine Compagnon
Photographie de Colette à l’âge de 15 ans.
Par notre correspondante à Paris
Mme.Afrah VERICHON

