Ah Paris… Ses parcs à l’atmosphère bucolique et reposante, ses ravissants quartiers dans lesquels on se promène en rêvassant, ses monuments dont on admire l’élégance, l’architecture… On est parfois loin de s’imaginer que ces lieux plein de charme et de poésie ont parfois été autre chose de bien moins enthousiasmant ! C’est notamment le cas de ce quartier, l’un des plus touristiques de la capitale, qui était auparavant un bidonville !
UN QUARTIER AU CHARME INTEMPOREL
Le quartier dans lequel nous vous emmenons est celui qui a le plus conservé le charme typique du Paris des années 30. S’y promener, c’est faire un saut dans le temps et se laisser soudain bercer par les voix de Piaf et de Brel. Ses ruelles pavées pittoresques, ses anciennes façades, ses rassemblements d’artistes, ses sublimes points de vue sur la capitale… On ne peut faire autrement que ralentir le pas et constater que, comme à chaque fois, la magie opère.
Et pourtant… si la charmante place du Tertre, la belle église Saint-Pierre, ou encore les fameux moulins sont toujours source d’émerveillement, l’histoire de ce village bohème dans la ville n’a pas toujours eu de quoi faire rêver. C’est même un passé bien sombre que l’on découvre. En effet, jusqu’à la fin du XIXe siècle, ce quartier laissé à l’abandon avait des airs de bidonville…
UN BIDONVILLE DANS LES HAUTEURS DE PARIS
Ce n’est qu’en 1860 que la Butte de Montmartre est annexée à Paris. Jusqu’alors, elle ne faisait pas partie de la commune de Paris et n’était rien d’autre qu’un terrain vague, un bout de campagne qu’occupaient maraîchers et vignerons. Sous le Second Empire, et sous l’impulsion du baron Haussmann qui entreprend de grands travaux de rénovations de la ville, un autre type de population vient s’installer dans les hauteurs de Montmartre. Ouvriers, chiffonniers, ferrailleurs et autres artistes désargentés chassés du centre de la ville par les prix des loyers devenus exorbitants y trouvent ainsi un abri de fortune.
Entre les rues Lepic, Girardon et Caulaincourt apparaissent alors de nombreux petits cabanons de bois qui transforment les lieux en un quartier pauvre, mal famé, et où les conditions de vie sont relativement insalubres. “Le Maquis” devient aussi le repère de voleurs et autres bandits alors appelés “Apaches”, venus se cacher dans ses ruelles en labyrinthes. Pour autant, ses habitants avaient créé une véritable communauté, unie et solidaire.
MONTMARTRE EN CE TEMPS-LÀ…
Quelques artistes célèbres font déjà, à cette époque, la renommée du Maquis de Montmartre qui ne cessera d’inspirer peintres, poètes, écrivains et autres compositeurs. D’autant que, pendant la « Belle Époque », un vent de renouveau souffle sur le quartier qui voit se développer les cabarets, et devient ainsi un véritable lieu de divertissement. Parmi les grands noms artistiques de l’époque on trouve le dessinateur Poulbot, Toulouse Lautrec, Van Gogh, Paul Gauguin, Émile Bernard, Guillaume Apollinaire, ou encore Hector Berlioz. En 1912, Picasso s’installa dans une maison appelée le Bateau-Lavoir, au 13 rue Ravignon.
Puis, c’est au tour des promoteurs de mettre la main sur le quartier qui se transforme une nouvelle voix. Le maquis est vidé de sa population pour y faire pousser des immeubles haussmanniens, que l’on peut observer sur l’avenue Junot, et des villas de style anglais comme la villa Léandre, dans lesquels s’installent des populations aisées. Les années 1940 sonnent définitivement la fin du bidonville avec l’apparition de nouvelles lois sur la salubrité publique.
Aujourd’hui, les derniers vestiges du Maquis de Montmartre peuvent s’observer du côté de la rue Lepic, et notamment dans une ruelle pavée privatisée menant à l’Hôtel Particulier Montmartre. Autrefois surnommé “passage de la Sorcière”, il y trône un gros rocher appelé “rocher de la sorcière”, qui serait le vestige d’une fontaine désaffectée.
Ce quartier pittoresque du 18ème arrondissement de Paris reste aujourd’hui une source d’inspiration infinie pour les artistes. D’ailleurs, depuis 1930, le 189 de la rue Ordener abrite la cité Montmartre aux artistes, composée de 180 ateliers-logements et dédiée aux artistes peintres et sculpteurs professionnels. Son charme et son histoire en font un lieu emblématique de la capitale.