En 1845, l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski publie son premier roman “Les Pauvres Gens”. Dès la publication du livre, le jeune homme de vingt-quatre ans devient le sujet de conversation de toute la société russe et son nom s’impose sur la scène littéraire. Mais le jeune homme n’avait pas encore suffisamment mûri pour investir ce succès de la manière la plus optimale et il a rapidement dérivé vers le milieu politique. Il s’est fortement impliqué dans le mouvement socialiste et a été l’un des plus fervents partisans de la libération des paysans asservis et de l’encouragement des révoltes paysannes. En avril 1849, Dostoïevski a été arrêté avec vingt-trois de ses camarades du mouvement et a été emmené en prison pour être jugé. Le jeune écrivain a passé huit mois en prison avant d’être réveillé un matin pour entendre, avec les autres membres du mouvement, les verdicts prononcés contre eux. Comme les sentences dans ces cas-là ne dépassent pas quelques mois, ils pensaient que leur épreuve allait bientôt se terminer. Ils ont été transportés en voiture sur l’une des places de Moscou, où ils ont trouvé une plateforme d’exécution recouverte d’un tissu noir au milieu de la place, et des milliers de personnes venues assister à l’exécution ! Dostoïevski ne pouvait pas croire ses yeux. Est-il possible que la sentence de mort soit exécutée contre lui et ses compagnons ? C’était quelque chose que la plupart d’entre eux n’avaient jamais envisagé de manière pessimiste ! Après quelques instants de lourde attente, l’officier est venu lire leur sentence : “Tous les accusés sont reconnus coupables de conspiration contre l’État et ont été condamnés à mort par fusillade”. Le silence est tombé sur Dostoïevski et ses camarades, à l’exception de quelques sanglots incrédules. Ils ont été donnés des masques et un prêtre s’est avancé pour leur lire les derniers rites, les hommes se tenant debout après avoir couvert leur visage avec les couvertures. Les soldats ont levé leurs armes et les ont dirigées vers eux. Avant que l’ordre d’exécution ne soit donné, une voiture rapide est arrivée sur la place, d’où un homme portant une enveloppe est descendu. L’enveloppe contenait une sentence finale réduisant leur peine à quatre ans de travaux forcés dans les prisons de Sibérie, suivis d’une période de service…