Les États du Golfe s’emploient à développer la production d’hydrogène vert, en tant que « carburant du futur », dans le cadre de leur volonté de rendre leurs économies plus respectueuses de l’environnement. L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Sultanat d’Oman investissent beaucoup dans ce carburant. à un moment où ils recherchent d’autres sources de revenus à partir du pétrole et du gaz.
“Les pays du Golfe aspirent à dominer le marché mondial de l’hydrogène”, déclare l’expert Karim El-Gendy de l’Institut d’études “Chatham House” basé à Londres.
Et il ajoute dans un rapport publié par l’Agence France-Presse : “(les pays du Golfe) considèrent l’hydrogène vert comme essentiel car il leur permet de rester des puissances énergétiques majeures et de maintenir leur influence face à la baisse de la demande en énergies fossiles”.
Contrairement à l’hydrogène, produit à partir d’énergies fossiles polluantes et encore largement utilisé, l’hydrogène vert est produit à partir d’eau à partir d’énergies renouvelables telles que l’éolien, le solaire et l’hydraulique.
Cependant, ce carburant propre, qui représente actuellement moins de 1% de toute la production d’hydrogène, n’est pas encore commercialement viable et nécessite une augmentation massive des sources d’énergie renouvelables, un processus qui pourrait prendre des années, selon le rapport de l’AFP.
Alors que les combustibles fossiles produisent des gaz à effet de serre, l’hydrogène vert n’émet que de la vapeur d’eau. Son utilisation est promue dans les secteurs les plus polluants tels que les transports, la navigation et la sidérurgie.
“Pionnier de l’exportation”
Grâce à son énorme capital d’investissement, l’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, construit la plus grande usine de production d’hydrogène vert au monde dans l’immense future ville de Neom, dans le nord-ouest du royaume, qui coûtera 500 milliards de dollars.
L’usine de 8,4 milliards de dollars combinera l’énergie éolienne et solaire pour produire jusqu’à 600 tonnes d’hydrogène vert par jour d’ici la fin de 2026, selon les autorités.
En juillet, les Émirats arabes unis, qui accueilleront la Conférence des Nations Unies sur le climat (COP28) plus tard cette année, ont approuvé une stratégie hydrogène visant à produire 1,4 million de tonnes métriques d’hydrogène par an d’ici 2031, ce qui en ferait l’un des dix premiers producteurs d’hydrogène. pays producteurs.
Hanan Balala, vice-présidente du géant pétrolier émirati ADNOC, estime que “l’hydrogène sera un carburant de base pour la transition vers une énergie propre”, le décrivant comme une “extension naturelle” de l’entreprise. “Les Émirats arabes unis sont bien placés pour en profiter”, a-t-elle déclaré à l’AFP.
Cependant, le Sultanat d’Oman, qui se classe derrière en termes de production de combustibles fossiles par rapport à ses voisins, semble en passe de mener la course à l’hydrogène propre dans le Golfe. D’ici la fin de la décennie, il deviendra le sixième exportateur mondial d’hydrogène vert et le premier au Moyen-Orient, selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie publié en juin.
Le Sultanat aspire à produire au moins un million de tonnes d’hydrogène vert par an d’ici 2030, et jusqu’à 8,5 millions de tonnes d’ici 2050, “ce qui sera supérieur à la demande totale actuelle d’hydrogène en Europe”, selon l’agence.
Selon le géant de l’audit financier Deloitte, les pays du Moyen-Orient, principalement les pays du Golfe, seront à court terme en tête du commerce mondial de l’hydrogène, en exportant la moitié de leur production nationale d’ici 2030.
Et d’ici 2050, les pays d’Afrique du Nord et l’Australie devraient devenir les plus productifs, même si les pays du Golfe resteront “en tête des exportations”, selon un rapport de la société publié en juin.
La route est encore longue
L’investissement dans l’hydrogène vert n’a pas empêché l’expansion des projets pétroliers et gaziers, car les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite ont l’intention de développer leurs industries des hydrocarbures.
Les experts s’attendent à ce que les pays du Golfe mettent des années à produire de l’hydrogène vert à un coût compétitif par rapport aux énergies fossiles.
Alors que le coût des énergies renouvelables a baissé grâce aux avancées technologiques, il n’est pas encore possible d’en produire de manière rentable de l’hydrogène vert.
“Les pays du Golfe se concentreront sur la maximisation des ventes d’hydrocarbures aussi longtemps que possible”, a déclaré Aisha Al-Surayhi, chercheuse associée au Middle East Institute de l’Université nationale de Singapour.
“Il faudra des années d’essais et d’erreurs pour que l’hydrogène vert devienne une marchandise commercialisée”, ajoute-t-elle, notant que “cela pourrait être le nouveau carburant du futur” une fois que la technologie arrivera à maturité et que les coûts baisseront, et que la demande d’hydrogène est également encore floue.
Cependant, les pays du Golfe approvisionnent depuis longtemps les pays asiatiques dépendants des importations pour leurs besoins énergétiques, comme le Japon et la Corée du Sud, qui prévoient d’utiliser l’hydrogène vert dans leurs stratégies de décarbonation.
Et le ministre émirati du changement climatique et de l’environnement, Abdullah Al-Nuaimi, prévient que “l’infrastructure actuelle pour le transport de l’hydrogène n’est pas suffisante et nécessitera d’énormes investissements pour la modifier”, et il a déclaré à l’AFP, “Le temps nécessaire pour relever les défis face à l’hydrogène (vert) est très