Au mois de mai 1664, des fêtes brillantes sont données à Versailles par le roi Louis XIV en l’honneur de Mlle de La Vallière dont il est amoureux. Ce sont les Plaisirs de l’Isle enchantée.

Tout s’y prête à la joie jusqu’au soir du 12 mai où la nouvelle pièce de Molière Tartuffe est représentée. Le scandale est grand ! Un concert de protestation accueille cette œuvre qui ose dévoiler l’hypocrisie. Molière est allé trop loin !

Devant l’indignation unanime, le roi se voit obligé d’interdire que la pièce soit représentée devant le grand public. Cette mesure encourage les ennemis de Molière qui se déchaînent.

Face aux injures qui continuent à pleuvoir, le malheureux auteur prend sa plume d’oie pour s’adresser au roi :

« Sire,

Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j’ai cru que dans l’emploi de poète comique où je me trouve, je n’avais rien de mieux à faire que d’attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle : et comme l’hypocrisie sans doute en est un des plus en usage, j’avais eu, Sire, la pensée que je ne rendrais pas un petit service à tous les honnêtes gens de votre royaume si je faisais une comédie qui décriât les hypocrites et mît en vue toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries de ces faux-monnayeurs en dévotion qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistiquée.

Je l’ai faite, Sire, cette comédie … »

Molière dut cependant attendre cinq ans pour que Tartuffe fut enfin présenté au grand public, en 1669.