Par: Hamza Alian – écrivain et journaliste.
D’où vient l’importance de l’Organisation de Shanghai ? Que représente-t-il pour la Chine et le monde en termes de position et de puissance à prendre en compte dans les alliances internationales ? Cette année, l’organisation retournera dans sa « mère patrie », où elle a été créée en 2001. Elle se prépare donc à promouvoir « l’esprit de Shanghai » pour consolider et renforcer la coopération et tracer de nouveaux horizons qui définiront les contours de ce bloc, qui représente la plus grande alliance politique régionale au monde.
L’« Année de la Chine » pour l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), comme l’a déclaré le ministre des Affaires étrangères Wang Yi, marquera un nouveau chapitre pour l’organisation, dont la Chine assure la présidence tournante. Cette année sera marquée par plus de 100 événements dans les domaines politique, sécuritaire et économique. Nous parlons d’une organisation qui comptait six membres fondateurs majeurs, dont la Chine, la Russie, le Pakistan et l’Inde, et qui se compose aujourd’hui de dix membres à part entière, de trois États observateurs et de 14 partenaires de dialogue, couvrant 60 % de la superficie terrestre et plus de 44 % de la population mondiale. Créée il y a près d’un quart de siècle (24 ans), elle est considérée par les analystes politiques comme une alternative internationale après une série d’échecs causés par Washington. Son rôle est donc de rétablir l’équilibre des relations internationales. Bien sûr, les grandes puissances qui y sont présentes ont des intérêts, notamment la Chine, mais il s’agit d’intérêts légitimes et clairs qui s’inscrivent dans deux lignes parallèles, fondées sur le principe du bénéfice mutuel et à travers un système de projets et d’initiatives qui servent tous les pays qui y sont présents et qui y sont associés.
À ce jour, cinq pays du CCG ont le statut de « partenaire de dialogue », dont le Koweït, qui a contribué à une série d’activités et de réunions, et a accéléré le rythme de la coopération, étant donné que le Koweït assure la présidence tournante du CCG cette année, tandis que la Chine assume également le même rôle auprès de l’Organisation de coopération internationale de Shanghai. En Occident, on l’appelle « Alliance orientale » ou « OTAN orientale ». Aujourd’hui, elle est présente et exerce un « soft power » sur la carte des alliances internationales.
Elle est apparue comme un forum fonctionnant selon des normes claires, notamment : 1 – Interdiction d’ingérence étrangère dans les affaires d’autres pays. 2- Pas un monde contrôlé par un « pôle unique », mais un monde multipolaire. 3- Non à l’hégémonie absolue de l’Amérique, sur laquelle l’Occident exerce sa tutelle, à l’instar des Nations Unies. Bien qu’il ait été créé à l’origine comme un groupement entre la Chine et la Russie pour renforcer la confiance et contrôler la sécurité des frontières après l’effondrement de l’Union soviétique, la Chine l’a poussé vers un nouveau modèle d’alliances politiques dont les objectifs sont inspirés par les intérêts communs des pays, tels que la sécurité régionale, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme religieux, et la priorité au développement économique. Sur la scène internationale, c’est le plus grand bloc anti-américain, et la Chine en a fait une puissance économique de premier plan.
Elle a réuni cinq pays dotés de capacités nucléaires et de vastes ressources économiques, investissant par exemple environ 124 milliards de dollars dans l’initiative « la Ceinture et la Route ». Elle a également lancé un fonds de développement, établi des zones de libre-échange, un marché énergétique unifié et une banque pour répondre aux besoins des projets. Dans le langage de la « soft economics », un langage dans lequel la Chine a excellé, l’organisation comprend les deux plus grands producteurs d’énergie du monde, l’Iran et la Russie, et les deux plus grands consommateurs d’énergie, la Chine et l’Inde… et elle est aujourd’hui devenue une source de préoccupation et de danger pour l’Amérique.
Elle est entrée sur la scène internationale grâce à la puissance de son économie, à sa coopération et à ses intérêts communs. Elle achève actuellement son processus de développement et de stabilisation, unifie ses capacités combinées et œuvre à façonner son espace vital, régional et géostratégique en matière de sécurité et de coopération économique, dans une région considérée comme une base de ressources et de corridors commerciaux.


