Dans le tableau « Retour du marché par une nuit d’hiver »
Par l’artiste français Louis Simon Cabello-Lassalle (1810-1870), la scène émerge du cœur de la campagne française, comme s’il s’agissait d’un récit visuel d’une histoire révolue, nous racontant l’histoire de la campagne française au XIXe siècle, avec ses petits détails complexes, où la nature ne laisse aucune place au luxe, mais fait plutôt de la simplicité une scène sur laquelle représenter des histoires de labeur et d’humanité.
La mère avance dans la scène dans sa robe sombre et son simple tablier, tandis qu’un foulard rouge entoure sa tête, brillant au milieu de la neige pâle, comme une torche résistant à l’obscurité de l’hiver. La mère est le symbole de la femme rurale dans sa gloire quotidienne, alliant force et attention, constance et tendresse. Dans ses traits, on retrouve un mélange de fatigue et d’espoir, comme si elle portait une âme qui connaissait le sens de la lutte face au gel, mais elle continuait à marcher résolument, s’accrochant à la vie et à la main de son enfant.
L’enfant à côté d’elle est une extension de cette détermination, mais avec une touche enfantine évidente dans ses traits du visage, qui mélangent la fierté de sa mission avec le sens de son poids. Ils transportent des oiseaux qui représentent ce que leur voyage leur a permis d’accomplir, ce qui sera leur nourriture quotidienne et peut-être leur source de revenus. Il tient la cage d’une main et, de l’autre, il maintient fermement l’oiseau mort. Son regard n’est ni timide ni effrayé, mais plutôt celui d’un enfant devenu partenaire dans la bataille de la vie.
En arrière-plan de la scène, on retrouve l’âne, qui semble être le pilier de cette scène rurale. C’est le présent silencieux, portant des fardeaux sans se plaindre, une métaphore du fardeau constant que l’homme porte face à la nature. Tandis que les deux petits chiens représentent le soin et la protection.
Dans la profondeur du tableau, les traits de deux autres personnages deviennent clairs ; L’un d’eux est assis sur le dos d’un âne chargé de bagages, et l’autre marche à côté de lui. Ces personnages ajoutent une autre dimension narrative, comme pour suggérer que ce voyage n’est pas propre à une famille, mais plutôt un mode de vie qui imprègne tout le village.
Pour en revenir à l’artiste Caballo-Lasalle, on peut dire qu’il a vécu à une époque qui a été témoin de transformations majeures dans l’art européen. Dans la première moitié du XIXe siècle, les artistes ont commencé à se débarrasser des contraintes du classicisme et des techniques académiques de leurs œuvres au profit du réalisme qui exprimait la vie des classes ouvrières et rurales avec des détails sans prétention. Cette tendance était une réaction à la révolution industrielle et aux changements sociaux et économiques qu’elle a entraînés, les artistes se tournant alors vers la documentation de la vie quotidienne ordinaire avec une expression honnête, loin de l’idéalisation.


