Si je pouvais croquer la terre entière
et lui trouver un goût,
j’en serais plus heureux un instant…
Mais ce n’est pas toujours que je veux être heureux.
Il faut être malheureux de temps à autre
afin de pouvoir être naturel…
D’ailleurs il ne fait pas tous les jours soleil,
et la pluie, si elle vient à manquer très fort, on l’appelle.
C’est pourquoi je prend le malheur avec le bonheur,
naturellement, en homme qui ne s’étonne pas
qu’il y ait des montagnes et des plaines
avec de l’herbe et des rochers.
Ce qu’il faut, c’est qu’on soit naturel et calme
dans le bonheur comme dans le malheur,
c’est sentir comme on regarde,
penser comme l’on marche,
et, à l’article de la mort, se souvenir que le jour meurt,
que le couchant est beau, et belle la nuit qui demeure…
Puiqu’il en est ainsi, ainsi soit-il…”
Poème extrait de “Le Gardeur de Troupeaux”..
Illustration par notre correspondant à Paris
M.Sylvain Fourcassié
ancien attaché culturel au Koweït..