A l’invitation du Musée Marmottan-Monet, à Paris, l’artiste Anne Laure Sacriste s’est intéressée à l’un des portraits de la grande peintre française réalisé par Edouard Manet, « plein de son amour – refoulé – pour celle qui avait épousé son frère Eugène »…
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Pour la composer, avec l’aide de l’historienne de l’art Valérie Da Costa, elle a étudié l’étonnante histoire de cette toile peinte en 1873. « A l’origine, Manet avait dépeint le corps entier de Berthe, alanguie sur un canapé. Puis il a décidé de couper la toile, pour n’en garder que le visage. » Certains disent qu’il était insatisfait du dessin de la main de son modèle.
L’artiste Anne Laure Sacriste, dans son atelier, à Paris. JULIEN DRACH
Anne Laure Sacriste privilégie une autre explication : « Ainsi allongée, Berthe semblait trop offerte, telle une cocotte peu respectable. Ce geste de couper la toile ne fait qu’accentuer cette impression d’un désir refoulé. » Pour y répondre, elle a réalisé, à partir de ce portrait, une héliogravure, avec l’aide d’une graveuse en Suisse. Mais elle a légèrement décadré l’image, « pour la rendre presque fantomatique, avec, elle aussi, sa part manquante ».
Autour de ce pas de deux, l’artiste orchestre une exposition pleine de retenues et de silences, de seuils et de tensions : un « portrait chinois à strates multiples, à la fois de Berthe et de ce désir refoulé. Une exposition toute en noirs et blancs, aussi, pour mettre en valeur le portrait de Manet, et qui joue de choses minimalistes, pour ne pas se confronter à l’impressionnant cadre doré qui enserre le Manet ».
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Nourrie de plusieurs résidences au Japon, qui ont été, pour elle, autant de révélations depuis une dizaine d’années, Anne Laure Sacriste joue de détails invisibles, de ponctuations, comme elle a pu le faire quand elle a été invitée à exposer dans un jardin zen de Kyoto, il y a quelques années. Au centre de la salle du Musée Marmottan qui lui est dévolue, une énorme tortue de céramique trône : l’artiste l’a appelée Berthe. Modelée avec l’aide d’une céramiste de Strasbourg, couvert d’émaux mats et brillants rapportés de Kyoto, elle est née de l’enseignement reçu auprès de maîtres nippons.
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