Chaque homme a besoin d’un barbier qui peut faire confiance à sa capacité à sculpter ses cheveux pour en faire un chef-d’œuvre. C’est lui-même qui lui confiera son cou et souvent ses secrets. Et c’est aussi juste que vous entrez chez lui et dites “habituel”, il vous comprend et poursuit la tâche. Bien sûr, c’est lui qui aspire à le voir au moins une fois par mois.
Toutes ces qualités s’appliquent au barbier Philip Safar, qui a acquis ce métier et a conservé l’héritage de son père, qui a ouvert la porte de son gagne-pain en 1930 dans la rue Bliss, à côté de la porte de l’Université américaine de la capitale Beyrouth. La devanture de cette boutique appelée « Safar » est bleue, la couleur de ses yeux. Et son design intérieur à l’ancienne se distingue par ces drapeaux déployés, comme s’il s’agissait du siège des Nations Unies.
La présence de ces drapeaux n’est pas fortuite, mais parce qu’ils sont des souvenirs des ambassades qui visitaient le magasin et dont les ambassades étaient toutes présentes dans la capitale. Le Salon Safar a reçu des personnalités éminentes, notamment des ambassadeurs, des hommes politiques, des médecins, des penseurs, des artistes et d’autres décideurs. Proverbes, tout en gardant les titres, Kamal Joumblatt, Raymond Edde, George Habash, Michel Aflaq, Manah al-Sulh…etc.
On dit qu’un barbier bien habillé prête attention aux détails et prend son métier au sérieux. Tout comme Philip, qui porte sa veste de médecin. Cette dernière conserve son ancien matériel dans l’un des tiroirs pour suivre le goût de sa clientèle actuelle, jeunes hommes et étudiants.
Le barbier discret et respecté, Philip, est un authentique héritage de Beyrouth qui manque à beaucoup, en particulier aux immigrants.
Peinture acrylique sur toile..
Par notre correspondante en Californie.
Artiste: Lamia Labban