L’expérience coréenne et la tendance koweïtienne ! …

Par : Aljazie T Al-Snafi, écrivain koweïtienne..

Ce qui se produit aujourd’hui n’est pas un simple changement linguistique, mais une véritable érosion identitaire. La langue n’est pas qu’un moyen de communication ; elle est le fondement du sentiment d’appartenance et une composante essentielle du tissu culturel et de l’identité. En Corée du Sud, la culture et l’identité du pays étaient menacées par la vague de mondialisation qui a déferlé sur la jeunesse, les communautés et la vie des Coréens. Pourtant, ils ont su transformer leur héritage – au cœur de cette mondialisation – en une culture universelle. Les Coréens n’ont pas affronté cette nouvelle vague culturelle en oubliant leurs racines. Au contraire, ils ont intégré ces nouvelles tendances et la révolution du développement pour créer une culture ouverte et réceptive, sans pour autant renoncer à leur identité et à leurs origines. C’est ainsi qu’est née la K-pop (musique pop coréenne), qui mêle rythmes occidentaux et esprit coréen dans le chant, la danse, la langue et la mode. Il ne s’agissait pas simplement d’une musique « branchée » pour les jeunes, mais d’un véritable bond artistique qui a permis d’exporter la culture coréenne dans le monde entier sans compromettre son identité ni ses racines.

Qui parmi nous n’a jamais entendu parler de la culture coréenne, qui a envahi les plateformes, les séries télévisées et les œuvres artistiques, et qui a même influencé le tourisme en Corée ? La culture coréenne est même devenue omniprésente dans nos pays arabes. C’est précisément l’objectif de leurs nouvelles campagnes. L’expérience coréenne démontre que l’identité doit être préservée malgré la mondialisation, qui érode la jeunesse d’aujourd’hui, laquelle peut facilement se détacher de son héritage et de ses racines, et se sentir étrangère dans son propre pays. Cela nous amène à nous interroger : quelle est notre place au Koweït dans tout cela ? Et en quoi l’expérience coréenne diffère-t-elle de la nôtre ? Nous ne pouvons nier que la mondialisation et la modernité ont envahi nos vies, s’infiltrant dans tous les aspects de nos foyers et de nos habitudes quotidiennes, et affectant même notre patrimoine et notre dialecte. Nous avons désormais une nouvelle langue, « occidentale », devenue symbole de « mode » et de « prestige ». La semaine dernière, j’étais assis avec un groupe d’enfants et je leur parlais naturellement dans notre dialecte koweïtien « ordinaire ». Leur réaction fut comme s’ils ne comprenaient pas ce que je disais, répondant en anglais : « Je ne sais pas ! » J’avais l’impression de parler chinois ! Je me demandais avec étonnement : leurs familles ne parlent-elles pas arabe à la maison ? Ou bien l’abandon de la langue est-il devenu une sorte de fierté sociale ? Ce qui se passe aujourd’hui n’est pas un simple glissement linguistique, mais une véritable érosion identitaire. La langue n’est pas qu’un moyen de communication ; elle est la source de notre appartenance, une composante essentielle de notre tissu culturel et de notre identité.

Si cette séparation d’avec notre langue se poursuit, nous perdrons ce qui nous distingue et nous unit, nous perdrons même la langue de communication entre nous et les générations futures, et nous perdrons notre identité de Koweïtiens et d’Arabes. Par conséquent, notre expérience ne sera pas semblable à l’expérience « coréenne » ! En rouge : Celui qui n’a pas de commencement n’a pas de fin. Nous espérons que notre expérience koweïtienne sera semblable à l’expérience coréenne, et non son contraire.

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