Les Palestiniens, des hommes et des femmes qui errent de part en part, bohémiens du sionisme. Ces hommes et ces femmes qui sont contraints de chercher refuge, ces hommes et ces femmes pour qui la nuit est une succession de cauchemars et le jour.
J’ai dit la difficulté que supposait ce raisonnement. La France a cependant toujours voté, aux Nations Unies, les résolutions qui ont reconnu aux Palestiniens la terre, le droit à la patrie, le droit des décisions souveraines sur la terre de leur patrie.
Des guerres se sont déroulées. La France a maintenu sa position et a constamment refusé que le seul droit de conquête puisse être le fondement définitif du droit. Je répète, il ne faut pas dissimuler la difficulté : l’histoire n’est faite que de passions brûlantes, et sans vouloir faire la leçon à personne, ce que je vous dis là, M. le Président et vous, Mesdames et Messieurs, je l’ai dit à la tribune de la KNESSET, devant les députés du peuple d’Israël.
J’ai dit à la fois que les Palestiniens avaient le droit à leur patrie et qu’ils avaient le droit de fonder des structures étatiques – j’ai ajouté que si l’O.L.P. ne s’identifiait pas a l’ensemble des forces, elle s’identifiait à la force combattante puisqu’elle avait rassemblé en son sein la plupart des fractions disposée à combattre.
Je n’ai aucune peine à le répéter, parce que c’est le fond de ma pensée. Elle n’a pas changé. Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes doit conduire, dans cette région, à une ligne de partage très difficile à dessiner sur la carte, dès lors que l’on reconnaît à Israël le droit d’exister et aux Palestiniens le droit de fonder leur propre patrie.
C’est vrai que ce peuple, chassé de partout, représente aujourd’hui une errance proprement intolérable. La France, en diverses occasions – fameuses je crois, notamment au Liban – est le pays du monde qui s’est préoccupé le plus du sort de ces éternels émigrants : à Beyrouth, une première fois, 4000 Palestiniens ont été épargnés de la mort par nos soins ; une deuxième fois à Tripoli (Tripoli du Liban) , nous avons sauvé, en compagnie de la Grèce, 4000 Palestiniens victimes de combats fratricides. Et nous avons des relations avec l’O.L.P. qui dispose d’une permanence à Paris depuis déjà de longues années, avant même que je ne fusse moi-même Président de la République.
Voilà un problème compliqué, mais que l’on peut résoudre dans son esprit, avec droiture, de façon simple : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
François Mitterrand
Texte illustré par notre correspondant à Paris
M.Sylvain Fourcassié
Ancien conseiller culturel à l’ambassade de France au Koweït
