Source : Irena
Les six pays du Conseil de coopération du Golfe Arabique (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar) disposent à eux seuls de près de 29% des réserves prouvées de pétrole dans le monde et de 22% de celles de gaz naturel. Leurs économies dépendent très fortement des exportations d’hydrocarbures, ces dernières constituant en moyenne 80% de leurs recettes en 2013. Une lente transition pourrait toutefois s’amorcer avec le développement des énergies renouvelables.
Dans cette étude en anglais, l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables) présente ainsi les opportunités et les freins au déploiement des énergies renouvelables dans ces pays. L’énergie solaire suscite une attention particulière dès lors que 60% de ces territoires présentent des conditions favorables à l’installation de sites photovoltaïques. Certaines zones présentent également un potentiel éolien, en particulier en Arabie saoudite, au Koweït et au sein du sultanat d’Oman.
A fin 2014, les pays du Golfe Arabique disposaient de 134,9 MW de capacités électriques renouvelables, soit moins de 1% de la puissance totale installée de leurs parcs électriques (avec une part plus faible encore en matière de production en raison de leur intermittence). Près de 70% de ce parc renouvelable était concentré aux Émirats arabes unis (centrale thermodynamique de Shams).
Selon l’Irena, l’énergie solaire est pourtant susceptible de satisfaire efficacement la demande électrique de la région, en combinant des installations photovoltaïques et thermodynamiques (avec des systèmes de stockage pour assurer les pics de consommation en soirée).
Potentiel de production photovoltaïque par an en Afrique du Nord et au Moyen-Orient
Potentiel de production photovoltaïque par an en Afrique du Nord et au Moyen-Orient (©Irena)
La consommation d’énergie des pays du Golfe est en forte hausse, sous l’effet de la croissance industrielle et démographique (population multipliée par 6 depuis 1970) ainsi que des besoins croissants destinés au dessalement d’eau (besoins qui pourraient quintupler d’ici à 2050). Durant les années 2000, la demande énergétique a connu une croissance moyenne de 5% par an (soit un rythme plus rapide que l’Inde, la Chine ou le Brésil) et absorbe désormais plus d’un quart de la production d’hydrocarbures de la région.
Le développement des énergies renouvelables pourrait entre autres permettre de réorienter une partie de la production d’hydrocarbures (aujourd’hui destinée au marché domestique) vers les exportations. En 2015, précisons que la chute des cours du pétrole a réduit de 287 milliards de dollars les recettes attendues dans cette région (soit près de 21% du PIB des pays du Golfe Arabique).
Selon l’Irena, les installations solaires présentent aujourd’hui un réel intérêt économique malgré les conditions difficiles de cette région (perte de performances due aux températures très élevées et à l’accumulation de poussières). L’Agence rappelle que le prix des panneaux photovoltaïques a baissé de 75% entre 2009 et 2014 et que les coûts de production continuent de baisser. En témoigne le prix de l’électricité de l’extension du parc photovoltaïque de Mohammed Bin Rashid Al Maktoum à Dubaï qui a été négocié aux enchères à 58,5 $ par MWh, ce qui en fait un des projets renouvelables les plus compétitfs au monde et lui permet de concurrencer la production électrique à partir d’hydrocarbures. Précisons toutefois que l’Irena se base sur des prix des hydrocarbures plus élevés que les cours actuels. L’Agence rappelle d’ailleurs que la compagnie publique Saudi Electric achète le pétrole brut destiné à la production d’électricité à un prix subventionné de 4 à 5 $ par baril.
Coûts de production de l’électricité estimés par l’Irena dans les pays du Golfe Arabique
Coûts de production de l’électricité estimés par l’Irena dans les pays du Golfe Arabique (©Irena)
Outre leur utilisation pour produire de l’électricité, les énergies renouvelables pourraient se substituer aux hydrocarbures pour dessaler de l’eau. Pour rappel, le dessalement fournit aujourd’hui une grande partie des besoins d’eau douce dans ces pays (entre 27% à Oman et 87% au Qatar). Selon l’Irena, près de 300 000 barils de pétrole par jour seraient notamment destinés au dessalement d’eau en Arabie saoudite.